L’ISM a réalisé en mars 2025 une enquête pour le compte de la Fédération Française des Pressings et Blanchisseries.
Cette étude, complétée d’une enquête auprès de 220 professionnels, vise à publier les chiffres clés du secteur des pressings et blanchisseries, à mesurer l’état de santé des entreprises et à identifier les principaux défis de l’activité.
Un tissu entrepreneurial vieillissant mais encore dynamique : 5575 entreprises répertoriées
Avec 5 575 entreprises et 6 560 établissements, les pressings et blanchisseries de détail constituent un maillon essentiel de l’artisanat des services. Essentiellement urbain (95 %) et concentré en Île-de-France (28 %), le secteur illustre les paradoxes d’une activité à la fois traditionnelle et en pleine mutation. Les chiffres montrent un tissu vieillissant : près de 60 % des dirigeants ont plus de 55 ans et plus de la moitié des établissements existent depuis plus de dix ans.
Le renouvellement est faible, freiné par les difficultés de financement : « les banquiers n’aiment pas les pressings », confient certains professionnels. Pourtant, l’activité reste attractive pour les personnes en reconversion : près de 40 % des chefs d’entreprise exerçaient auparavant dans un autre domaine. La majorité des installations se font par transmission-reprise d’une entreprise existante. Les créations pures restent marginales (environ 160 par an).

Des structures petites et fragiles, mais résilientes
Le chiffre d’affaires moyen atteint 98 000 € par entreprise, pour un total estimé à 546 M€ en 2023. Majoritairement composées de très petites structures, les blanchisseries affichent néanmoins une étonnante résistance : 80 % des entreprises ont un chiffre d’affaires stable ou en hausse en 2024, malgré une forte hausse des coûts (énergie, salaires). Seule une minorité des entreprises a pu répercuter ces hausses de charges sur les prix. Résultat : près de 4 entreprises sur 10 se déclarent en situation financière préoccupante. L’excédent brut d’exploitation moyen reste modeste (10,5 %), mais s’est redressé depuis la crise sanitaire. La rentabilité repose sur un seuil critique de 35 pièces traitées par jour.
Malgré cela, la confiance demeure solide : 7 dirigeants sur 10 croient en l’avenir de leur entreprise.
Une transition écologique déjà engagée
Le secteur a largement amorcé sa mutation écologique, poussé par la réglementation et l’interdiction du perchloroéthylène. Le secteur a été pionnier en matière d’éco-responsabilité : 79 % des entreprises ont engagé au moins une mesure environnementale, notamment le passage à l’aqua-nettoyage, désormais utilisé par trois quarts des pressings. Mais la certification écologique reste rare (13 % des entreprises), freinée par la complexité des démarches. A noter : cette modernisation nécessite des investissements lourds. 4 entreprises sur 10 déclarent avoir d’ailleurs des projets d’investissement à court ou moyen terme.
La digitalisation, un virage encore timide
Alors que les modes de consommation évoluent, 60 % des entreprises ne disposent pas de site internet. Seules les structures récentes ou situées en zones urbaines denses ont su capter la dynamique des abonnements, services de livraison ou casiers automatiques. Un défi majeur, car les jeunes générations privilégient la praticité et recherchent leurs prestataires en ligne.
Un emploi stable mais des tensions de recrutement
Avec près de 10 000 salariés et 400 apprentis, l’emploi est stable depuis trois ans. Pourtant, les difficultés de recrutement s’intensifient, au point de freiner la croissance de certaines entreprises. La formation initiale, centrée sur le CAP « Métiers de l’entretien des textiles », reste insuffisante et inégalement répartie, avec à peine 400 jeunes formés chaque année.
Des marchés en recomposition
Le cœur d’activité demeure le service aux particuliers (93 %), mais les clientèles mixtes se développent : hôtels, gîtes, restauration, santé. La fréquentation progresse légèrement, notamment auprès d’une clientèle plus jeune. Les entreprises s’adaptent en diversifiant leurs offres — conciergerie, couture, retouche, collecte-livraison, abonnements.
Les données de consommation confirment que la demande reste bien présente. Selon le baromètre du Comité Français de l’Etiquetage pour l’Entretien des Textiles (COFREET), 44 % des Français déclaraient en 2022 avoir eu recours à un pressing au moins une fois dans l’année, contre 40 % en 2020. Par ailleurs, 16 % y allaient au moins une fois par mois, soit le double de la part observée en 2020 (8 %). Des chiffres qui traduisent une fréquentation en hausse, mais qui contrastent avec les fragilités pointées par l’enquête FFPB/ISM.