Entreprises, emplois et métiers des secteurs de proximité en Bretagne : 5 ans d’évolution 2015-2020

L’Union des Entreprises de Proximité de Bretagne a présenté à ses partenaires institutionnels et sociaux-professionnels la seconde version de l’Observatoire de l’Emploi développé par l’Institut Supérieur des Métiers. Cette application accessible gratuitement sur son site web permet de cartographier les entreprises des secteurs de proximité et leurs emplois dans les 21 pays de la région, dans l’objectif d’analyser la dynamique du marché de l’emploi et le renouvellement des emplois par la formation.

Pour mémoire, les secteurs de proximité représentent près de 150.000 établissements (soit 2 établissements sur 3 du secteur marchand non agricole) et 160.000 emplois salariés, auxquels s’ajoutent 11 450 apprentis formés dans ces entreprises.

L’outil permet tout d’abord d’évaluer le poids respectifs des quelques 400 secteurs de l’artisanat, du commerce alimentaire, de l’hôtellerie-restauration et des professions libérales dans les territoires. Pour l’ensemble de la Bretagne, le palmarès des activités les plus répandues en nombre d’établissements est inattendu et met en exergue l’importance des professionnels libéraux de la santé ; les kinésithérapeutes, pédicures, podologues, ainsi que les infirmiers libéraux, ainsi que des activités non réglementées (sophrologie, psychologues). En matière d’emplois salariés, les secteurs pesant le plus sur ceux de l’hôtellerie-restauration, la boulangerie-pâtisserie, les comptables et les maçons.

Des secteurs tendanciellement en développement ces 5 dernières années : plus d’établissements, plus d’emplois salariés

L’observation des emplois depuis 5 ans permet également de dresser un panorama des évolutions en cours.

  • entre 2015 et 2019, le nombre d’établissements progresse fortement (+16%), à un rythme beaucoup plus soutenu que celui de la population (+1%). En conséquence la densité du tissu d ‘entreprises au regard de la population est en hausse. Ces bons chiffres sont liés notamment à la forte dynamique entrepreneuriale dans ces secteurs et à la forte progression du nombre de micro-entrepreneurs dont le nombre passe de 26000 à 40000 (+54%).
  • le nombre d’emplois salariés est également en hausse : entre 2015 et 2019, près de 11 500 emplois salariés ont été créés.
  • en 2020, l’impact de la crise sanitaire a été circonscrite à quelques secteurs, en premier lieu l’hôtellerie-restauration : le nombre d’établissements a poursuivi sa progression (+9%) ; l’emploi salarié s’est contracté (-1%), les destructions enregistrées dans l’hôtellerie-restauration (plus de 3400 emplois salariés) étant compensées en grande partie par des créations nettes, notamment dans l’artisanat du BTP, les professions libérales de santé et les professions libérales techniques et du cadre de vie.
  • La bonne santé des secteurs de proximité concerne une majorité de pays : le solde d’emplois salariés créés entre 2015 et 2020 dans les secteurs de proximité est positif dans la majorité des pays à l’exception des pays du Centre Ouest Bretagne (-1%) et de Fougères (-2%). La hausse de l’emploi salarié a été plus forte dans les pays des grandes villes régionales : Rennes (+12%), Vannes (+10%), Lorient (+9%) et Brest (+7%), ainsi que dans quelques pays plus ruraux : Brocéliande (+10%) et Redon (+8%).

Le bilan territorial 2015-2020 de l’emploi salarié est toutefois contrasté selon les secteurs :

  • L’emploi progresse dans la quasi-totalité des pays dans l’artisanat du BTP, les professions médicales non réglementées, les professions juridiques, les services automobiles, la boulangerie-pâtisserie et le commerce de l’alimentation (épicerie, cavistes, primeurs, magasins bio).
  • D’autres secteurs affichent au contraire un recul quasi-généralisé, à l’instar de l’hôtellerie-restauration, ou de l’artisanat de fabrication. Pour les autres secteurs, les évolutions sont souvent variables d’un territoire à l’autre.

La majorité des secteurs de proximité sont en développement (nombre d’établissements et de salariés en hausse). Les secteurs les plus en croissance (en % de hausse du nombre d’établissements et d’emplois salariés) sont les activités de santé non réglementées, les services informatiques, le commerce alimentaire, l’artisanat des travaux publics, les secteurs de réparation.

Les secteurs fragilisés sont les hôtels et restaurants, dont la situation devra être suivie avec la sortie de crise sanitaire. Certains secteurs de l’artisanat de fabrication en mutation (travail des métaux, fabrication de meubles, imprimerie…).

Les besoins de recrutement ont progressé dans de nombreux secteurs entre 2015 et 2019, conduisant à une hausse des offres d’emploi. La bonne dynamique du marché de l’emploi a également conduit à une baisse du nombre de demandeurs d’emploi. Toutefois, la dynamique de recrutements freinée par l’irruption de la crise sanitaire.

Globalement, le marché de l’emploi est très contrasté selon les métiers :

Dans l’alimentation, le nombre de demandeurs d’emploi paraît modéré, au regard de l’offre, pour les postes de boulangerie-viennoiserie, de boucherie et de gestion de rayons de produits alimentaires. En revanche, le nombre de demandeurs d’emploi est élevé et croissant dans certains métiers du commerce alimentaire (vente, mise en rayon) et de la fabrication (conduite d’équipement de production alimentaire.

Les tensions sont également fortes dans de nombreux métiers du BTP, les entreprises artisanales se retrouvant « en concurrence » avec les grandes entreprises concernant leurs recrutements. La demande d’emploi est relativement moins élevée pour les postes de couvreur (727 offres enregistrées en 2020 pour 388 demandeurs d’emploi en fin d’année), d’installateur sanitaire et thermique (1073 demandeurs d’emploi pour 1268 offres).

Dans les métiers de service, la demande d’emploi apparaît modérée pour les postes de coiffure, au regard des besoins des entreprises. Des tensions semblent exister dans d’autres niches d’activité, comme le lavage de vitre, le traitement de nuisibles, la réparation de biens électrodomestiques ou la conduite d’opérations funéraires. Les réserves d’emplois sont très importantes dans le nettoyage des locaux et dans les soins esthétiques.

Dans les métiers de fabrication, les recrutements font face à un potentiel de réponses relativement limité pour ce qui concerne les métiers de la sous-traitance industrielle et du travail des métaux. L’offre paraît importante également  au regard des réserves d’emploi dans les métiers de la prothèse dentaire et du machinisme agricole.  Le marché de l’emploi apparaît en revanche saturé  pour les emplois de prépresse, de mécanique de marine, du façonnage textile et de la réalisation de menuiserie bois.

Dans les professions libérales, les données confirment les tensions relayées par les médias s’agissant des postes de soins infirmiers où la demande est limitée au regard des offres. La situation apparaît également très tendue pour les recrutements de kinésithérapie, d’orthophonie, de médecins. Les auditeurs et contrôleurs sont très recherchés alors que le marché de l’emploi est concurrentiel pour les comptables. Plus surprenant, le nombre de demandeurs d’emploi apparaît élevé pour les postes d’études et de développement informatique.

Les métiers de l’hôtellerie-restauration présentent un marché de l’emploi singulier. En effet, la demande d’emploi est élevée dans la plupart des métiers (et cela avant la crise sanitaire), alors que les difficultés de recrutement mises en avant par les professionnels sont avérées. Le « vivier » de candidats étant potentiellement important, les difficultés de recrutement doivent s’expliquer par la faible employabilité des candidats, et/ou par le manque d’attractivité des offres (horaires, salaires…), et/ou par la concurrence de circuits d’emplois parallèles (intérim, plateformes numérique).

L’Observatoire de l’emploi met enfin en relief la disparité des situations de l’emploi pour un même métier selon les pays. Les tensions de recrutement sont globalement plus élevées dans les territoires des  grandes villes. A titre d’exemple, concernant les emplois de boucherie, 222 offres ont été enregistrées courant 2020 par Pole emploi dans le pays de Rennes, alors que seuls 55 demandeurs d’emploi étaient identifiés fin 2020. Dans le pays de Centre-Bretagne, les chiffres étaient respectivement de 5 offres et 9 demandes pour ce métier.

Le nombre d’apprentis formés par les entreprises de proximité est en hausse (il est passé de 10310 en 2015 à 11450 en 2019/20, soit une progression de 11%).

Cette hausse concerne la plupart des familles d’activité à l’exception de l’artisanat et du commerce de l’alimentation (où l’apprentissage est stable) et de de l’hôtellerie-restauration (où le nombre est en baisse). Ces tendances sont également observées à l’échelle du territoire national. L’apprentissage reste toutefois inégalement développé selon les pays. Le taux de pénétration (calculé comme le rapport entre le nombre d’apprentis et le nombre

L’observatoire de l’emploi permet d’identifier le nombre de personnes formés aux principaux métiers exercés dans les entreprises de proximité, cela dans les principales filières de formation. Si l’apprentissage reste une filière de formation importante (voire majoritaire pour ce qui concerne les métiers de bouche), on constate que de nombreux métiers peuvent également se préparer par la voie scolaire. Les contrats de professionnalisation sont peu déployés dans ces activités, exception faite pour la préparation du BP coiffure et de diplômes du notariat et de la pharmacie.

La formation continue des jeunes ou des demandeurs d’emploi paraît relativement peu développée, sauf pour les métiers de la coiffure, de l’esthétique, de la cuisine, et pour certains métiers de fabrication.

L’observatoire de l’emploi permet enfin d’analyser l’ adéquation entre l’offre de formation et les besoins du marchés évalués à travers le nombre de professionnels en exercice (cela quand l’emploi est identifié dans la nomenclature des professions). On constate ainsi que le taux de renouvellement des emplois par les sortants de formation varie de façon importante d ‘un métier à l’autre.

A titre d’exemple, le nombre de sortants du CAP Esthétique paraît surdimensionné au regard des professionnels en poste dans ce métier (on compte près de 7 sortants pan an pour 10 professionnels en exercice), un verdict confirmé par le nombre élevé de demandeurs d’emploi dans ce métier

Le diagnostic est très différent pour le renouvellement des métiers de charpentier et couvreur, de métiers où les difficultés de recrutement sont traditionnellement parmi les plus élevées : le nombre de sortants de formation des CAP charpentier et couvreur paraît faible aux regard du nombre de charpentiers et couvreurs en exercice dans les entreprises de ces secteurs.

À lire sur le même thème

Rechercher