Cette première étude sur l’emploi des femmes dans les secteurs de l’artisanat, du commerce alimentaire et de l’hôtellerie-restauration confirme leur place importante, que ce soit en tant que dirigeante d’entreprise, salarié et apprentie.
La répartition des femmes n’est toutefois pas homogène dans les différents secteurs :
- Les femmes sont beaucoup plus présentes dans l’artisanat de services (elles y représentent 43% des chefs d‘entreprises, 50% des salariés et 62% des apprenties), mais aussi dans l’hôtellerie restauration et le commerce alimentaire.
- Leurs choix d’activité sont plutôt orientés vers le commerce alimentaire ou les métiers de service. La place des femmes est également significative dans l’artisanat de l’alimentation (45% des salariées sont des femmes), et dans l’artisanat de fabrication (un tiers des dirigeants sont des femmes). Le BTP demeure en revanche un secteur d’activité à dominante masculine.
La part des femmes dirigeantes a doublé en 30 ans dans l’artisanat
Les femmes sont donc bien présentes en tant que chef d’entreprise dans de nombreux secteurs : elles sont à la tête de 43% des entreprises de service, et d’un tiers des entreprises de l’hôtellerie-restauration, du commerce alimentaire et de l’artisanat de fabrication.
Cette part a doublé en 30 ans dans l’artisanat : en 1984, 11% des chefs d’entreprises étaient des femmes, elles étaient 23% en 2015.
La plupart des secteurs ont connu cette féminisation progressive de la fonction de dirigeant : leur part a triplé dans l’artisanat de l’alimentation (de 8% en 1984 à 23% en 2015) ; elle a doublé dans l’artisanat de services (de 23% à 43%) ; elle a enfin progressé de moitié dans l’artisanat de fabrication (de 20 à 32%) et dans le BTP (de 2 à 3%).
Un niveau de diplôme plus élevé que celui des hommes
Autre caractéristique des femmes dirigeantes : dans l’artisanat, elles sont plus diplômées que leurs homologues masculins (près de la moitié ont un niveau de diplôme égal ou supérieur au BAC, contre un tiers des hommes). Les niveaux d’études sont en revanche plus homogènes dans l’hôtellerie-restauration et le commerce alimentaire de détail.
La moitié des dirigeantes exerce dans 5 activités
Les choix d’activité des dirigeantes se concentrent dans quelques activités principales. En 2015, la moitié d’entre elles sont ainsi actives dans cinq activités :
- des activités de services : coiffure, esthétique, nettoyage ;
- des activités de l’hôtellerie-restauration : restauration traditionnelle et débits de boisson.
De très nombreuses femmes sont également à la tête d’entreprises de l’artisanat et du commerce alimentaire (marché, boulangerie-pâtisserie, épicerie). Les secteurs de l’artisanat de fabrication les plus investis par les femmes sont la fabrication de vêtements (un bastion « historique ») et la bijouterie-fantaisie (un secteur à forte proportion de micro-entrepreneurs).
Dans l’artisanat du BTP, les secteurs les plus féminisés sont ceux de l’aménagement de lieux de vente (11% des entreprises sont dirigées par des femmes), la construction de maisons individuelles (8%), les travaux de terrassement (7%) et les travaux de peinture (7%). Les femmes dirigeantes sont plus rares dans l’électricité et la plomberie (3%).
Les conjoints, actifs dans une entreprise sur cinq
Les conjoints de dirigeants sont souvent actifs dans les entreprises de proximité : selon une enquête de l’U2P, 22% participent régulièrement à la vie de l’entreprise, 10% occasionnellement.
Cette composante familiale est particulièrement forte dans l’artisanat et le commerce alimentaire (29% de conjoints sont actifs régulièrement) et dans l’hôtellerie-restauration (42% des conjoints sont actifs régulièrement dans l’entreprise).
Dans 80% des cas, ces conjoints sont des femmes (un taux en toute logique inversement proportionnel à la part de femmes dirigeantes).
La contribution horaire des conjoints augmente avec la taille des entreprises : 21h dans les entreprises sans salarié (mais dans ce cas, un tiers des conjoints exerce en parallèle une autre activité professionnelle), temps plein dans les entreprises de 6 salariés et plus.
Le choix du statut varie également selon la taille : dans les entreprises sans salarié, le choix du statut de conjoint collaborateur prédomine ; dans les entreprises employeuses, les conjoints sont plus souvent salariés.
Le partenariat avec le RSI a permis de dénombrer précisément le nombre de conjoints collaborateurs des entreprises de proximité : en 2015, ils étaient 31,000 dont 26,000 femmes. A noter : ce nombre est faible (2% du total des indépendants) et tend à diminuer.
Les salariées et salariés n’exercent pas souvent les mêmes métiers.
Concernant les emplois salariés, les métiers restent également très genrés. Les métiers à recrutement quasi-exclusivement féminin sont :
- les métiers administratifs et de gestion : secrétaire (98% des salariés sont des femmes), assistant de direction (91%), employés comptables (89%). De nombreuses conjointes salariées exercent d’ailleurs sans doute probablement dans ces métiers ;
- les métiers de la vente (vendeur en alimentation : 93% ; caissiers de magasin : 83%)
- les métiers de la coiffure (83% des salariés sont des femmes) et de l’esthétique (94%).
La part de femmes salariées progresse néanmoins dans d’autres métiers : métiers d’art (50% des salariés sont des femmes), prothèse médicale (44%), ambulanciers (34%).
Les salariées, plus souvent employées à temps partiel
En 2013, selon les données des DADS analysées dans ces activités, la part de femmes en CDI est équivalente à celle des hommes : 80%. En revanche, elles sont plus nombreuses à temps partiel : 35% contre 11%., et cela dans l’ensemble des secteurs étudiés.
Les choix d’orientation des apprentis et apprenties restent sexués
L’analyse des métiers préparés par les apprenties formés dans les entreprises de proximité conduit au même constat : les apprenties font les mêmes choix de métiers que leurs aînées et se concentrent :
- dans les activités de service (soins à la personne, fleuristerie) ;
- dans les métiers de la restauration ;
- dans les métiers de la vente et de la gestion.
Quelques métiers se féminisent, comme la pâtisserie (1/4 d’apprenties) ou, dans le BTP, la peinture (12% d’apprenties). La part des apprenties est également plus élevée dans les diplômes de niveaux Bac ou supérieurs.
En conclusion
- La mixité progresse lentement parmi les dirigeants et dans les effectifs des entreprises de proximité.
- Les hommes et les femmes y occupent cependant souvent des métiers différents : plus de femmes dans les métiers de vente et de gestion.
- Les types de contrat de travail diffèrent également : les femmes sont plus souvent employées à temps partiel.
- Les choix d’orientation des jeunes sont déterminants pour faire évoluer la parité dans les entreprises. Or, les choix de diplômes des apprentis restent très sexués et n’évoluent que lentement.