Baromètre de l’artisanat ISM/MAAF (juillet 2024)

Pour la 2e année consécutive, le record de 250 000 créations est atteint mais de fortes disparités sectorielles et régionales se dessinent des signaux d’inquiétudes sur les ventes et cessions de fonds artisanaux.  

La nouvelle édition du baromètre ISM-MAAF dresse le bilan 2023 de la création d’entreprises artisanales. Plus de 250 000 entreprises ont vu le jour en 2023, confirmant le record historique de 2022. Si 1 entreprise sur 4 qui se crée relève de l’artisanat, de fortes disparités sectorielles et territoriales émergent avec une France désormais quasi coupée en deux.

  • 250 660 entreprises artisanales créées en 2023, un volume quasi stable sur un an, qui confirme le record de 2022 ;
  • 1 entreprise sur 4 qui s’est lancée en France en 2023 (24 %) est liée à une activité artisanale ;
  • Une France ‘coupée en deux’ avec une baisse des créations dans l’Ouest et le Sud et en hausse dans le Nord et l’Est ;
  • Très fortes disparités sectorielles : le service s’envole (+ 8 %) ; BTP (-8 %), alimentation (-7 %) et fabrication (-5%) en recul ;
  • Les ventes & cessions de fonds de commerces artisanaux en baisse mais le prix de vente médian est au plus haut.
L’entrepreneuriat artisanal toujours aussi attractif, avec des créations en hausse de 23 % sur 5 ans  

En 2023, le nombre de créations d’entreprises artisanales franchit de nouveau la barre des 250 000 ouvertures, confirmant le record historique de 2022.  Quasi stable sur un an (-1%), la création d’entreprise artisanale a en réalité augmenté de 23 % depuis 2019, dernière année de référence pré Covid. A l’issue de 2023, une entreprise sur quatre (24 %) qui se crée relève de l’artisanat.

Mais ce haut niveau global des créations ne doit pas masquer de fortes disparités sectorielles.

Le haut niveau global des créations est tiré par les activités de Service, en hausse de 8 % sur 2023.   En revanche, la dynamique dans les autres secteurs marque le pas : -8 % pour le BTP, -7 % pour l’Alimentation et -5 % dans la Fabrication.

Au top 3 des activités qui concentrent le plus grand nombre d’ouvertures, on retrouve : le nettoyage courant des bâtiments (38010 créations, +17 %), les taxis/VTC (15390, où les immatriculations repartent à la hausse +20 %) et les soins de beauté (15230 ; où un plafond est a fortiori atteint). A noter que ce secteur attire désormais 2,5 fois plus de créateurs que la coiffure.  

Parmi les secteurs qui démontrent les plus importantes dynamiques, on observe outre ces activités de service le commerce sur marché et éventaires (+13%) et la fabrication d’articles divers (+18%), des secteurs où l’on retrouve une forte représentation de micro-entrepreneurs.   En revanche, dans le BTP – fortement impacté par la crise qui touche l’immobilier et la construction – les ouvertures sont en fort recul (-8 %), à l’exception de l’activité travaux de finition.  

Dans l’alimentation, où les installations se font majoritairement par reprise, la baisse des immatriculations est corrélée avec la baisse des rachats de fonds de commerce.   Les créations se tassent également dans les activités de fabrication, et cela malgré la prédominance des micro-entrepreneurs dans ces activités.  

Dans les territoires, une France métropolitaine coupée en deux

Alors que de premières disparités émergeaient en 2022, le bilan 2023 confirme le phénomène. La cartographie révèle une France scindée en deux avec des créations qui marquent le pas dans l’Ouest et le Sud (excepté en Occitanie et en Corse) et des ouvertures en hausse dans le Nord et l’Est.  

Les créations sont orientées à la baisse en milieu rural et urbain, à l’exception de la métropole parisienne.  On observe également une bonne dynamique entrepreneuriale dans les communes où une partie importante de la population réside en Quartier Prioritaire de la Ville (QPV). Dans ces territoires, la création d ‘entreprise  est tirée par les installations de Taxis/VTC et de nettoyage de bâtiment. Dans les communes où plus de 50 % de la population réside en QPV, 30 % des créations d’entreprise artisanale se font ainsi dans l’une ou l’autre de ces activités. 

Les ventes et cessions de fonds de commerce artisanaux repartent à la baisse, mais le montant médian des fonds cédés reste au plus haut, au-delà de 84 000€

En 2023, 8 210 fonds de commerce artisanaux ont été cédés. Après deux années de fortes hausses, tous les secteurs sont concernés par la baisse des cessions de fonds de commerce.   L’artisanat de l’alimentation enregistre la plus forte baisse avec un recul de 17 %, suivi du BTP ( – 14 %), de l’artisanat de fabrication (- 3 %) et enfin de l’artisanat des services ( -2 %). Le contexte économique particulièrement tendu, la hausse des taux d’intérêt bancaires, peuvent avoir entraîné une importante frilosité du côté des vendeurs, repreneurs potentiels et établissements bancaires.   Le montant médian des cessions reste quant à lui au plus haut, à 80 000€ en 2023 contre 70 000€ en 2019. Alors que le prix de cession des fonds augmente avec l’ancienneté des entreprises, les deux tiers des entreprises cédées ont plus de 10 ans.

La baisse des transactions concerne la quasi-totalité des régions. Elle est de plus de 10 % dans l’Ouest de la France. Seuls les Hauts-de-France (+9 %) et le Centre-Val de Loire (+5 %) se maintiennent dans une trajectoire positive.