CMA France a confié à l’ISM la réalisation d ‘une enquête inédite auprès de micro-entrepreneurs de l’artisanat, étude dont les résultats viennent d’être présentés à l’Assemblée Générale de CMA France.
Les micro-entrepreneurs représentent en 2021 39% des entreprises artisanales et 57% des emplois non-salariés
En l’espace d’une décennie, le micro-entrepreneur s’est en effet imposé comme un nouveau modèle économique d’activité artisanale. Cette part du tissu artisanal va continuer à s’accroître, le régime phagocytant peu à peu celui de l’entreprise individuelle. Le taux de croissance est par ailleurs plus élevé que celui des sociétés artisanales, statut désormais majoritairement choisi pour exercer dans le cadre d’une entreprise artisanale classique.
Contrairement aux objectifs initiaux de ce dispositif :
- le régime est peu utilisé comme une phase « test » et un tremplin vers l’entrepreneuriat classique (1% des micro-entrepreneurs évoluent chaque année vers le régime classique).
- Près de 83% des micro-entrepreneurs exercent cette activité artisanale dans le cadre d’une activité principale (alors que le régime était pensé prioritairement pour générer des compléments de revenus). Les revenus des micro-entrepreneurs économiquement actifs sont pourtant quatre fois moins élevés que ceux des artisans du régime classique : il s’agit donc d’un entrepreneuriat « pauvre ». On peut également s’interroger sur l’opacité des revenus déclarés.
Le turn-over du tissu est relativement élevé les trois premières années : seule une entreprise sur deux atteint sa troisième année (globalement, un micro-entrepreneur sur cinq est inactif économiquement).
En revanche, près de 40% des micro-entrepreneurs sont actifs depuis plus de 5 ans et ont une activité pérenne. Ce modèle d’activité est d’ailleurs devenu la norme dans certains secteurs, notamment les métiers d’art.
L’enquête menée par voie électronique en juillet 2023 auprès de 3700 micro-entrepreneurs dresse les constats suivants :
Le régime micro-entrepreneur : un booster de vocations, mais les micro-entrepreneurs ne sont pas ce que l’on attendait
- La création du régime a eu un effet très incitatif pour 60% des micro-entrepreneurs qui ne se seraient pas installés sans ce régime
- Un régime majoritairement utilisé par des actifs précarisés ou en changement de situation professionnelle
- la grande majorité des micro-entrepreneurs n’ont pas d’autre activité économique
- Le souhait d’indépendance est la principale motivation des micro-entrepreneurs non polyactifs
- L’attractivité du régime : avant tout la simplicité des contraintes d’immatriculation, de gestion et une fiscalité allégée
Des micro-entrepreneurs moins souvent formés par la formation initiale à leur métier, relativement enclins à se faire accompagner, notamment lors de l’installation – une difficulté majeure : trouver leur marché
- Des micro-entrepreneurs plus diplômés que la moyenne des artisans, mais moins souvent formés au métier de leur entreprise
- Préparation de l’installation : une majorité de micro-entrepreneurs recherche des informations ou sollicite des conseils ; un tiers des micro-entrepreneurs ont suivi une formation
- Micro-entrepreneurs pérennes : la CMA demeure le principal réseau d’accompagnement mobilisé
- 1/4 des micro-entrepreneurs formulent un besoin d’accompagnement
- La principale difficulté des micro-entrepreneurs est de trouver leur marché
Un nouveau mode d’activité adapté à des activités non capitalistiques, principalement exercées au domicile ou mobiles, et finalement peu dépendantes des plateformes numériques
- 60% des projets ont mobilisé moins de 1000 euros d’apport financier
- Seuls 10% des micro-entrepreneurs disposent d’un local professionnel
- Un nouveau mode d’entrepreneuriat intermittent : ¼ sont actifs uniquement les week-end ou pendant les vacances ; les 2/3 travaillent moins de 35 heures hebdomadaires
- 20% des micro-entrepreneurs travaillent en lien avec les plateformes numériques
Un entrepreneuriat précaire et souvent « assisté » : des revenus d’activité insatisfaisants – les micro-entrepreneurs disposent souvent de revenus sociaux ou familiaux complémentaires
- Les deux tiers des micro-entrepreneurs ont un chiffre d’affaires annuel inférieur à 10.000 euros
- Seul un tiers des micro-entrepreneurs parvient à se dégager un revenu mensuel égal ou supérieur au SMIC
- Une majorité de micro-entrepreneurs bénéficie d’aides sociales ou familiales
- Des micro-entrepreneurs mal informés de leur protection sociale
De nombreux freins à la sortie du régime
- Un micro-entrepreneur sur 10 souhaite passer à des conditions d’exercice plus structurées.
- 12% souhaitent faire évoluer leur statut juridique, 8% envisagent de trouver un local professionnel.
- 10% seulement des micro-entrepreneurs envisagent de changer de statut
A lire également sur le sujet : Artisan micro-entrepreneur : même activité, différentes réalités (étude INSEE/CMAR Auvergne-Rhône Alpes 2023 - en ligne sur le site de l'INSEE)