Objectif : valoriser des expériences de collaborations entre artisans et designers.

La démarche de design concerne en effet les entreprises artisanales au même titre que les autres entreprises, petites, moyennes et grandes. Pourtant, force est de constater que le design est encore très souvent ignoré dans certains secteurs de l’artisanat.

Cet état de fait peut s’expliquer par des facteurs de taille d’entreprise et d’activités exercées. Il n’en reste pas moins que les résultats économiques obtenus par les entreprises qui se sont « mises au design » forcent l’intérêt de cette approche méthodologique de développement de l’entreprise.

La plupart des initiatives en lien avec le design se rencontrent dans les secteurs de l’artisanat d’art où les collaborations artisans/designers sont devenues une pratique relativement courante.

Cependant, le design ne se contente pas de donner forme au produit. Il implique tout un processus, de la conception à la mise sur le marché, en passant par la fabrication, qui permet à l’entreprise de s’interroger sur sa capacité à innover, à répondre aux nouveaux besoins des consommateurs et à progresser dans la qualité.

Au plan des ambitions, ce recueil vise donc prioritairement l’illustration de ce que les designers professionnels ont à apporter à l’entreprise artisanale. À savoir, au-delà de l’effet esthétique produit, de l’expérience sensorielle permise ou du service rendu, construire ou co-construire une approche stratégique qui différencie son offre de produits et de services dans un marché mondialisé, ultra concurrentiel et marqué par des mutations exceptionnelles.

Secteurs couverts : ameublement – Broderie -Céramique -Chocolaterie -Ebenisterie -Ferronnerie -Fromagerie -Glacerie -Gravure -Luminaire -Mécatronique -Menuiserie -Métallerie -Orfèvrerie-Joaillerie -Passementerie -Pâtisserie -Plomberie -Poterie -Sculpture et taille de pierre -Vannerie -Verrerie

Confrontées à une multitude de défis (transition écologique, révolution numérique, crise économique, nouvelles aspirations des consommateurs, exacerbation de la concurrence mondiale), les entreprises, pour rester compétitives et créer de la valeur, doivent aujourd’hui offrir avec leurs produits et leurs services, des réponses aux nombreuses mutations qui se font jour dans les usages et les modes de vie. Et c’est un fait, l’innovation technologique n’y suffit pas.

Le design propose à l’entreprise une démarche d’innovation qui dépasse, tout en l’englobant, l’innovation technologique. La France compte près de 30 000 designers*. Sa créativité est reconnue à l’international. L’État apporte son soutien aux structures d’accompagnement capables de mettre en oeuvre des programmes de sensibilisation et d’initiation des entreprises au design et des partenariats ont été conclus entre la DGE et des organismes de diffusion et de communication du design (l’APCI, le VIA, Le Lieu du design à Paris, La Cité du design à Saint-Étienne, R3iLab).

Le design reste mal connu et peu fréquent dans les entreprises de l’artisanat. Il existe en effet des freins et des barrières souvent difficiles à dépasser pour le chef de l’entreprise artisanale : taille de l’entreprise, capacité d’investissement, difficulté d’un dialogue entre le détenteur d’un savoir-faire (l’artisan) et le détenteur d’une connaissance supposée « supérieure » (le designer), méconnaissance ou arrivée tardive de la démarche design dans les réseaux d’accompagnement et de formation des artisans, etc.

De plus, la relation des artisans au design a ses particularités :

  1. l’artisan assimile souvent le design à la démarche de conception/créativité (design produit). Le terme design est connoté « industrie », les artisans utilisent le terme « créativité » ou « conception » ;
  • les artisans « créatifs » (ex : métiers d’art, coiffeurs artistiques) estiment qu’ils sont leurs propres designers ; un artisan pourra ainsi adopter une « démarche design » ou « faire du design » sans l’intervention d’un designer, ce qui pose la question de la définition du design en vigueur dans l’artisanat ;
  • dans les métiers de fabrication, les artisans ont une valeur ajoutée dans la conception des produits (esthétique, fonctionnalité), souvent pour répondre à la demande de leurs clients ; ce conseil en conception est d’ailleurs de plus en plus attendu, y compris dans des secteurs jusqu’alors peu concernés comme le BTP ;
  • les artisans sont peu formés à la démarche design en France (contrairement à l’Allemagne) et l’on dit des designers français qu’ils sont peu sensibilisés aux matériaux et process de fabrication.
Télécharger l'ouvrage