Défaillances d’entreprises artisanales : les chiffres restent au plus bas au 1er semestre 2021

« Les chiffres des défaillances sont un indicateur de la sinistralité des entreprises, y compris dans le monde de la petite entreprise. Dans l’artisanat, le nombre de défaillances a considérablement chuté en 2020, comme pour l’ensemble des secteurs de l’économie : tout au long de l’année, 11.000 défaillances ont été enregistrées, au lieu de 19.000 en 2019, soit une baisse de 42%.

Les causes de cette baisse ont été souvent cités par les observateurs : fermeture des tribunaux de commerce durant le premier confinement, gel des procédures, efficacité des dispositifs publics d’accompagnement des entreprises face à la crise. Les experts s’accordaient également généralement pour parier sur un report dans le temps des défaillances. Les chiffres du premier semestre 2021 s’inscrivent pourtant dans la même tendance qu’en 2020 : le recul des défaillances d’entreprises artisanales est de 50% si l’on compare les chiffres du premier semestre 2021 à ceux du 1er semestre 2019. Le rebond attendu n’est donc pas encore d’actualité.

Evolution des défaillances dans les secteurs de l’artisanat

Source : Banque de France – Base : entreprises de moins de 20 salariés des secteurs de l‘artisanat – traitement ISM

Cette accalmie prolongée s’observe dans tous les secteurs de l’artisanat :

  • la baisse est encore plus forte dans l’artisanat de l’alimentation, globalement épargné par les contrecoups de la crise sanitaire ;
  • les défaillances restent également au plus bas dans les secteurs les plus impactés par les confinements : les soins à la personne comme la coiffure ou les soins de beauté ; les transports : taxis/VTC…

La sinistralité des entreprises artisanales doit également s’évaluer à l’aune de l’ensemble des cessations d’activité et radiations, de nombreuses entreprises en difficulté fermant « leurs portes » sans passer par une procédure de redressement judiciaire.

Ces chiffres de radiations sont en hausse en 2020 comparativement à 2019 (+11%), sauf dans l’artisanat de l‘alimentation où elles sont stables, ce qui peut traduire un ralentissement des opérations de transmission-reprise dans ces secteurs.

Ces chiffres doivent toutefois être interprétés avec prudence car ils résultent de situations différenciées :

  • si certaines cessations d’activité font suite à des difficultés économiques ou personnelles des artisans, d’autres sont volontaires et indépendantes de la santé économique des entreprises. Elles peuvent résulter par exemple du départ à la retraite des chefs d’entreprises ou d’un changement de parcours (reprise d’un emploi salarié, déménagement par exemple) ;
  • enfin, nombreuses sont les radiations automatiques de micro-entreprises qui interviennent après huit trimestres d’inactivité.

Il est ainsi probable que la hausse des radiations soit liée à une radiation massive de micro-entreprises inactives, une hausse corrélée à la progression de ce régime social et fiscal dans le monde de l’artisanat.

Evolution des radiations d’entreprises artisanales

Source : SIRENE – entreprises de moins de 20 salariés des secteurs de l’artisanat – extraction au 31 août 2021.