Rôle et évolution du commerce de proximité dans l’animation et l’aménagement du territoire – rétrospective 2000-2020

  • Les années 1970 à 2000 ont été des années de profond bouleversement, le nombre d’entreprises de l’alimentation chutant de façon drastique en même temps que se développait le circuit de la grande distribution. En conséquence, le taux d’équipement des communes en commerces de bouche a baissé durant ces années : alors qu’en 1980, 76% des communes disposaient d’un moins un commerce alimentaire de proximité, cette part
    tombait à 50% vingt ans plus tard. Seules les activités de boulangerie-pâtisserie et du commerce sur marchés ont mieux résisté au rouleau compresseur de la consommation de masse ;
  • Cette baisse du nombre d’entreprises de l’alimentation s’est poursuivie durant la décennie suivante, mais à un rythme moins soutenu ;
  • Le retournement de tendance s’est opéré vers 2010 pour le commerce alimentaire, avec une reprise à la hausse du nombre d’épiceries, de primeurs, en même temps que se développaient d’autres circuits du commerce alimentaire spécialisé : cavistes, épiceries fines, crémeries-fromageries, magasins bio… Pour ce qui concerne l’artisanat de l’alimentation, le renversement s’est produit en 2013 pour la boulangerie-pâtisserie, en 2016 pour la boucherie-charcuterie… La restauration traditionnelle a connu également un fort déploiement de son nombre d’entreprises, l’activité bénéficiant du développement de la restauration hors domicile.

Les commerces non alimentaires ont  suivi d’autres cycles  : les commerces de coiffure, soins de beauté se sont considérablement accru en nombre durant ces vingt années, dynamisées par l’économie du bien-être (avec de nouveaux modèles d’exercice, au domicile des clients). D’autres services à la personne ont suivi une évolution moins favorable, comme la cordonnerie, la blanchisserie-pressing ou les activités de réparation (sans doute la fin du « tout jetable » va t elle néanmoins entraîner un redéploiement de ces activités, notamment pour ce qui concerne les services de réparation de biens domestiques). Concernant l’équipement de la personne, le tissu de magasins de vêtements s’est élargi jusqu’en 2012, avant de régresser ; pour le commerce de chaussures, le retournement est plus ancien (2008).

Durant ces années, les activités les plus en croissance ont été les épiceries, les bureaux de tabac et les débits de boissons, les primeurs, ainsi que le commerce de « prêt-à-consommer » (traiteurs, restauration rapide). Ce retour en grâce de l’alimentation en détail de proximité a conduit à de nombreuses créations d’emplois : +6320 emplois salariés créés entre 2017 et 2019 dans l’épicerie, +7280 dans la boulangerie, alors que les hypermarchés voyaient leur modèle s’effriter avec une perte de 3020 emplois salariés. Durant ces années d’avant-crise sanitaire, la méforme du commerce non alimentaire se confirme également.

Tous les territoires n’ont cependant pas profité de la même façon de ces évolutions : l’artisanat et le commerce de l’alimentation se sont développés de façon plus importante dans les grandes agglomérations et dans les communes périphériques des villes-centres. L’emploi salarié de ces secteurs a baissé dans les communes rurales, ce qui témoigne d’une fragilité persistante de ces commerces en milieu rural. Un phénomène souvent relié à une baisse démographique.

Le commerce de détail non alimentaire et l’hôtellerie-restauration ont en effet été les principaux secteurs touchés par les confinements successifs. Or, les commerces fermés ont été les grands perdants de la crise sanitaire : pour les achats du quotidien, peu ou pas de report possible, voire un contournement par le biais de plateformes de commerce en ligne. Si l’hôtellerie-restauration était plutôt en bonne santé jusqu’à fin 2019 (hormis dans les zones touchées par les manifestations sociales), ce n’était pas le cas du commerce non alimentaire, en perte de vitesse.

Si la crise a été plus fortement ressentie à paris et dans les grandes agglomérations, le commerce rural a également subi ce contexte : avec la décision de fermeture administrative, ce sont ainsi près de 5000 communes qui ont vu les portes de leur dernier commerce se fermer.


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