Tableau de bord des entreprises artisanales de sous-traitance industrielle (2014)

Historiquement, l’artisanat a toujours joué un rôle de premier plan dans l’économie de la sous-traitance industrielle : le secteur a été pionnier dans le développement du travail à façon, aux xviie et xviiie siècles, puis dans les industries dites « de métiers », comme la forge, la fonderie ou la mécanique générale, aux xixe et début du xxe siècles.

Ces métiers sont d’ailleurs empreints d’une tradition compagnonnique, toujours vivante dans le travail des métaux.

Ce rôle de l’artisanat dans l’économie de la sous-traitance industrielle demeure essentiel aujourd’hui : près de 80 % des entreprises de sous-traitance sont artisanales. Environ 26 000 sont actives dans la vingtaine d’activités qui constituent le coeur de la sous-traitance industrielle.

Elles emploient 130 000 actifs et réalisent un chiffre d’affaires de 13,4 milliards d’euros.

Une étude menée en 2012 par l’Institut Supérieur des Métiers avait révélé des entreprises fortement intégrées dans les filières industrielles, majoritairement positionnées sur des savoir-faire de spécialité. Ce tableau de bord permet d’en suivre les évolutions pour ce qui concerne la démographie, la répartition territoriale des activités, l’emploi et les performances économiques.

Le panorama dressé montre la persistance des savoir-faire territoriaux et des bassins de compétences développés par ces entreprises, mais révèle également leur fragilité économique :

  • L’emploi salarié, tendanciellement en baisse depuis 2000 (-13 %), a subi un coup sévère suite à la crise amorcée en 2008 (8 700 emplois salariés perdus, soit près de 10 %).
  • Si la création d’activités reste dynamique dans ces activités, il s’agit principalement d’unités sans salarié. Un enjeu est donc d’aider ces nouvelles entreprises à grandir.
  • Certains bassins entrepreneuriaux historiques de la sous-traitance industrielle sont en fort recul entre 2003 et 2013 : en Haute-Savoie, l’artisanat du décolletage a par exemple perdu 40 % de ses emplois salariés depuis 2000.

Cette situation économique tendue est confirmée par une enquête flash menée en partenariat avec quelques Chambres de métiers et de l’artisanat (Alsace, Bourgogne-Franche-Comté, Pays-de-la-Loire, Hauts-de-France), pour sonder les pratiques et besoins de financement de ces entreprises (données qui alimentent le « dossier » de ce tableau de bord) :

  • L’année 2013 a été difficile : un tiers des entreprises artisanales de sous-traitance industrielle ont subi une baisse de leur activité.
  • Plus inquiétant, le phénomène d’érosion des marges, déjà constaté lors de l’enquête précédente, prend de l’ampleur : 41 % des entreprises font le constat d’une dégradation de leurs marges, un taux supérieur de 9 points à celui de l’ensemble des entreprises artisanales. Deux phénomènes sont pointés : une pression sur les prix de la part des clients/donneurs d’ordre et l’augmentation des coûts de production.
  • En conséquence, la situation des entreprises est plus dégradée que dans l’artisanat : 37 % des entreprises sont dans une situation financière préoccupante ou très préoccupante (contre 28 %).
  • La trésorerie est particulièrement tendue : 38 % des entreprises font état de difficultés (le taux est de 21 % pour l’artisanat dans son ensemble). Ce problème, déjà pointé dans l’étude menée en 2012, est lié en grande partie aux retards de paiement des clients/donneurs d’ordre : 36 % des entreprises sont ainsi régulièrement payées avec retard par leurs clients/donneurs d’ordre.

L’enquête confirme enfin les besoins élevés de financement de ces entreprises, notamment en matière d’investissements. Le recours aux prêts bancaires est deux fois plus fréquent que dans les autres secteurs de l’artisanat (44 % des entreprises ont sollicité un prêt bancaire durant les douze derniers mois, contre 19 % dans l’ensemble de l’artisanat).

Ces entreprises ont également, dans leur ensemble, beaucoup plus diversifié leurs sources de financement.

La fonte des réserves financières va en outre obérer leur capacité d’emprunt et de financement des investissements (n’oublions pas que la visibilité des carnets de commande dans ces activités est en effet souvent inférieure à un mois). La dégradation des marges peut accélérer le processus de déstabilisation de ces entreprises.

Face à la fragilité des trésoreries, deux leviers sont à mobiliser.

  • Les premiers sont financiers : l’accès aux crédits de trésorerie doit être facilité et les besoins de recapitalisation de certaines entreprises solutionnés.
  • Un autre axe d’intervention essentiel concerne l’amélioration des relations avec les donneurs d’ordre et le meilleur respect, par ces derniers, des délais de paiement.

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