A l’invitation de la Chambre de Métiers et de l’Artisanat du Centre-Val de Loire, Catherine ELIE, directrice de l’Institut Supérieur des Métiers, est intervenue en conférence pour une mise en perspective de l’histoire et de l’action des Chambres de Métiers et de l’Artisanat, cela en ouverture du Salon « L’Artisanat C’Chartres 2025 » et de l’Assemblée Générale de la chambre consulaire.
Alors que les Chambres de Métiers et de l’Artisanat fêtent leur centenaire en 2025, cette conférence a permis de revenir sur les grandes dates de la structuration du réseau, sur les succès du réseau et les principaux enjeux à venir concernant l’accompagnement des entreprises artisanales.
L’artisanat : des métiers séculaires, une structuration héritée du début du 20e siècle
Le mot artisanat a fait son entrée dans la langue française en 2020. Le terme ARTISAN, plus ancien, fait référence à un homme de l’art, qui maîtrise un savoir-faire et les techniques de son métier et qui travaille de façon indépendante.
Voilà une trentaine d’année que les premiers syndicats locaux d’artisans se sont créés (la révolution française avait mis fin aux corporations d’artisans).
La création des Chambres de métiers par la loi COURTIER du 26 juillet 1925 est un symptôme de l’émergence de cette nouvelle classe socio-professionnelle, affaiblie et menacée par l’industrialisation.
- Une construction inspirée la législation allemande qui avait instituée en 1897 en Alsace-Moselle des Chambres de métiers.
- Une construction par opposition à l’industriel, à l’ouvrier (qui ne travaille pas pour lui-même)
- Une prise d’indépendance vis-à-vis des Chambres de commerce et d’industrie
Les Chambres de métiers deviennent un acteur majeur de la modernisation de ce tissu d ‘entreprises.

Indépendamment des événements historiques et des crises économiques, le tissu artisanal a en effet été malmené par les mutations du système économique :
- Elimination attendue par l’industrie : l’artisanat a été longtemps perçu comme un secteur archaïque et une« survivance de l’époque pré-industrielle» ;
- Disparition de nombreux métiers de l’artisanat rural suite à la mécanisation agricole et l’exode des populations ;
- Mutation de l’artisanat des métiers de bouche et de ses boutiques avec l’essor de la grande distribution alimentaire…
Ces révolutions ont effectivement entraîné une disparition de métiers et d’entreprises. Le point bas est atteint au début des années 70 avec le choc pétrolier. L’entrée dans l’ère numérique paraît donc plus favorable à la petite entreprise, alors que l’industrie est entrée dans une phase de crise sans fin.
Les années 1970 à 2000 sont des années de stabilisation du tissu artisanal. La poussée de l’entrepreneuriat dans ces activités à compter de 2005 entraîne une hausse progressive du nombre d’entreprises, hausse devenue exponentielle avec la création du régime micro-entrepreneur.
Le champ d’action des Chambres de Métiers et de l’Artisanat est renforcé par l’Etat dans la seconde moitié du XXe siècle
La création des Chambres de métiers et de l’artisanat s’est déroulée sur plusieurs décennies :
- entre 1929 et 1967 pour les chambres départementales : les premières ayant été fondées dans la Haute-Marne et en Seine-Maritime ;
- entre 1985 et 1997, des chambres régionales de métiers et de l’artisanat s’ajoutent, suite aux lois de décentralisation.
Le champ d’action des Chambres de Métiers et de l’Artisanat est renforcé par l’Etat au cours des décennies, principalement à compter des années 1960, que ce soit par la délégation de compétences régaliennes, ou par l’implication croissante des CMA dans la formation des artisans et dans la modernisation pour le développement économique des entreprises artisanales.

En 2019, la LOI PACTE entraîne un recentrage des missions des Chambres de Métiers et de l’Artisanat
- Réforme du fonctionnement des Chambres (régionalisation, centralisation stratégique
- Perte des missions d’enregistrement des contrats d’apprentissage et des entreprises (mise en place du guichet unique)
- Réduction et recentrage des missions financées par l’Etat, abrogation du Stage préalable à l’installation.
- Réforme du financement des CMA (collecte et répartition de la taxe pour frais de chambres de métiers : TFCMA)
Depuis 2023, la réforme du réseau est engagée dans un contexte de diminution progressive de la TFCMA.
Les Chambres de métiers et de l’artisanat ont accompagné la mutation de l’artisanat
Bras armé de l’Etat pour la mise en place des politiques publiques, caisse de résonnance avec les organisations professionnelles de l’artisanat des revendications des entreprises, les Chambres de Métiers et de l’Artisanat ont accompagné la structuration juridique de l’Artisanat et la modernisation des entreprises.
L’action des CMA a contribué sans aucun doute à conforter le tissu d ‘entreprises au cours du XXe siècle, alors que l’artisanat était souvent considéré comme un secteur archaïque et menacé.
- +250 000 créations d’entreprises par an : 1 entrepreneur sur 4 choisit l’artisanat
- Le maintien du modèle d’entreprise familiale et indépendante : l’artisanat commercial de l’alimentation crée désormais plus d’emplois salariés (+18000 entre 2019 et 2024) que la grande distribution alimentaire (+8000).
- Une dynamique de développement dans tous les territoires : l’artisanat s’est peu à peu renforcé dans les agglomérations et continue à peser lourd dans les territoires ruraux
La création d’un réseau de CFA a également contribué à maintenir dans le temps la formation en apprentissage, avant que les différents lois ne conduisent les autres secteurs de l’économie à s’emparer des bienfaits de l’alternance. Aujourd’hui, les CFA du réseau forment la moitié des apprentis employés en entreprise artisanale : des formations à tous niveaux : 1/5 en diplôme de l’enseignement supérieur ; un taux de poursuite d’étude élevé (40%).
Dernier succès, l’image de l’artisanat a changé :

De nouveaux défis
L’artisanat a plutôt réussi sont entrée dans l’ère numérique, alors que les deux précédentes révolutions industrielles ont failli lui être fatales.
L’artisanat en 2025 est pourtant face à de nouveaux défis :
- DES ENTREPRISES FRAGILISEES PAR DES CRISES REPETEES ;
- S’ADAPTER ENCORE ET TOUJOURS :DES TRANSITIONS ECOLOGIQUES ET NUMERIQUES A POURSUIVRE
- UN TISSU VIEILLISSANT (NOTAMMENT DANS L’ARTISANAT DE FABRICATION) ET DES TRANSMISSIONS-REPRISES EN RECUL
- DES MICRO-ENTREPREURS DE PLUS EN PLUS NOMBREUX
- REINSTAURER LES CONDITIONS DE CROISSANCE DES ENTREPRISES
- POURVOIR AUX BESOINS DE RECRUTEMENT


