Enquête sur l’insertion professionnelle des apprentis de l’alimentation (Observatoire des Métiers de l’Alimentation, avril 2022)

L’ISM a mené en 2021 pour le compte de l’Observatoire des Métiers de l’Alimentation une enquête auprès de 323 apprentis scolarisés en 2019. L’objectif était de mieux connaître les modalités d’insertion dans l’emploi des anciens apprentis de l’alimentation. Les thèmes d’investigation ont été les suivants:

  • parcours détaillé des apprentis depuis 2019 (formation, insertion dans l’emploi) ;
  • évolution de la situation professionnelle
  • caractéristiques du poste actuel
  • retour sur les compétences mobilisées et sur leur projet professionnel à court et moyen terme.

Cette enquête portant sur les trois premières années de parcours professionnel de jeunes en sortie d’apprentissage était inédite.

L’enquête confirme tout d’abord l’importance des poursuites d’études dans les métiers de l’alimentation : 44% des répondants à l’enquête ont poursuivi leur formation et démarré la préparation d ‘un nouveau diplôme. Fin 2021, 31% sont encore en formation.

Ces poursuites d’études sont souvent méconnues et minimisées, dans la mesure où elles s’opèrent majoritairement dans le même niveau de diplôme : de CAP à CAP (souvent dans un métier connexe) ou de CAP à mention complémentaire. L’entrée directe d’un CAP en niveau 4 (BP ou BAC PRO) est peu fréquente (notamment dans la filière boulangerie-pâtisserie) et intervient plutôt après une mention complémentaire.

De nombreux jeunes réalisent ainsi 3 à 5 ans d’études professionnelles, notamment dans les métiers de boulangerie et de la pâtisserie, où près de la moitié des jeunes ont poursuivi leur formation.

L’impact de la crise sanitaire sur la formation professionnelle des jeunes apparaît important : près de la moitié déclare avoir décroché scolairement

Les cours ont été suspendus partiellement ou en totalité dans 80% des cas à l’occasion des confinements. La formation à distance a permis de pallier cette situation, mais le désamour des jeunes pour cette modalité de substitution est important : 63% n’ont pas apprécié la formation à distance.

En conséquence, le décrochage n’est pas anodin et a concerné près de la moitié des jeunes, dont 15% «beaucoup» ou «totalement».

Pour les autres, la formation à distance a permis de gagner en autonomie. Un quart (les «gagnants») ont vécu positivement cet épisode : ils ont gagné totalement en autonomie et développé des compétences numériques.

L’insertion dans l’emploi apparaît relativement aisée pour 80% des jeunes entrant sur le marché du travail.

Au total 63% des répondants ont occupé au moins un emploi salarié durant la période analysée (dont 57% un seul emploi).

La durée de recherche du premier emploi a été inférieure à un mois pour 70% des jeunes concernés. Près de 40% n‘ont pas eu à chercher ce premier emploi, car l’embauche a été proposée directement par l’employeur.

Ce chiffre s’explique par l’importance des propositions d ‘embauche émanant des anciens maîtres d’apprentissage : 50% des jeunes ont eu une offre d’emploi de l’entreprise qui les a formés (une part qui se monte à 67% pour les jeunes ayant préparé un diplôme de boucher ou de charcutier). Cette proposition a néanmoins refusée par 20% d’entre eux environ.

L’insertion dans le premier emploi apparaît plus aisée en boucherie et plus compliquée en pâtisserie, sans doute en raison du nombre élevé de jeunes se formant à ce dernier métier.

Au total, seul un jeune sur dix semble rencontrer des difficultés pour trouver un emploi (avec plus de 3 mois de recherche). Il s‘agit principalement de jeunes de niveau 3.

Les principaux critères d’attractivité ou de refus d’un emploi sont le salaire et les avantages salariaux, puis l’entreprise et le temps de trajet. Ces critères sont également les principaux critères de refus d’un emploi.

Les conditions d’emploi apparaissent également majoritairement satisfaisantes.

80% des jeunes exercent le métier pour lequel ils ont été formés. 63% déclarent avoir été totalement préparés aux compétences recherchées.

L’accès à un CDI à temps plein concerne également près de 80% des jeunes salariés.

80% des jeunes sont enfin satisfaits ou plutôt satisfaits de l’ambiance, des horaires et de la proximité du domicile.

Plus de 70% sont satisfaits du salaire.

La part de mobilité professionnelle concerne néanmoins un jeune sur cinq en emploi, cela dès l’entrée dans le monde du travail.

Ces mobilités ont trois raisons principales :

  • Des difficultés à trouver un emploi, ce qui conduit les jeunes à accepter un emploi en dehors du métier pour lequel ils ont été formés (40% des jeunes en recherche d’emploi envisagent ainsi de changer de métier)
  • L’insatisfaction par rapport aux conditions de travail proposées, notamment le salaire –les horaires posent également des problèmes pour de jeunes parents isolés.
  • Et enfin, la déception par rapport au métier préparé en apprentissage, ou la curiosité de découvrir un autre métier («pour voir autre chose»).

Les mobilités professionnelles se font néanmoins souvent dans le périmètre élargi des activités de l’alimentation (distribution alimentaire, restauration traditionnelle ou rapide, industrie agro-alimentaire).

Fin 2021, moins d’un jeune sur dix est en recherche d’emploi, ce qui représente un taux d’emploi élevé.

Pour la moitié d’entre eux, la recherche est récente ou ils sont en attente d’une réponse.

Environ 5% du total des répondants (un jeune sur vingt) semble donc en difficulté pour accéder à l’emploi, la principale raison avancée par les employeurs potentiels étant le manque d’expérience et de compétence.

Pour d’autres, ce sont leurs contraintes personnelles (pas de moyen de transport, vie familiale) qui posent problème. Face à ces situations de blocage, près de la moitié des jeunes envisagent une reprise de formation, un quart une mobilité sectorielle.

Les projets à trois ans confirment les caractéristiques soulignées précédemment : l’aspiration à une évolution ou à une mobilité professionnelle reste importante, y compris parmi les jeunes en emploi.

30% des salariés en poste ont pour projet de changer d’entreprise, 15% de changer de métier.

La part de jeunes envisageant de créer ou reprendre une entreprise est assez élevée : 24% parmi les salariés (et 29% parmi les jeunes à la recherche d’un emploi).

Consulter le diaporama présenté par l’ISM lors de la Journée d’Echange de l’Observatoire des Métiers de l’alimentation (septembre 2022)