La reprise d’entreprise artisanale : enquête auprès des repreneurs (2019)

Cette enquête de l’ISM, administrée auprès de 1200 repreneurs d’entreprises artisanales, avait pour objectif d’analyser les modalités de reprise, le profil des repreneurs, leur parcours professionnel et les moyens mobilisés pour leur projet.

Modalités de reprise : 84% des reprises donnent lieu à une réimmatriculation, 16% se font par rachat de parts sociales

L’enquête permet de chiffrer les modes de transmission-reprise. Dans la majorité des cas, les repreneurs opèrent un rachat total de l’entreprise. 16% se font par un rachat de parts sociales, un mode de reprise beaucoup plus fréquent en cas de reprise par un salarié ou de reprise dans un cadre familial.

Les reprises externes sont majoritaires 64%) devant les reprises internes (34%), qu’elles soient de nature familiale (12% des cas) ou salariale.

Les profils de repreneurs sont variables selon les secteurs :

  • Dans l’alimentation, les reprises salariales (14%) et familiales (7%) sont moins fréquentes ;
  • L’artisanat du BTP enregistre la plus grande part de reprises familiales (33% des reprises).
  • Les cas de transmission familiale ou salariale sont également élevés dans l’artisanat de fabrication (respectivement 40% et 20%).
  • Les reprises par un ancien client/fournisseur/concurrent ne représentent que 4% des cas.

Les causes de transmission par le cédant

Dans la moitié des cas, les transmissions sont occasionnées par le départ à la retraite du dirigeant (65% dans le cas de reprises par rachat de parts sociales). Les autres motifs de transmission sont :

  • soit de nature économique : l’entreprise était en difficulté économique (10%), et a fait l’objet d’une liquidation judiciaire (3%) ;
  • soit de nature personnelle : problème de santé (9%), usure du dirigeant (9%, une modalité codifiée a posteriori), voire décès (2%) ;
  • soit liés à un autre projet professionnel : création ou reprise d’une autre entreprise (10%), ou reprise d’un emploi salarié (4%).

 Profil des repreneurs : un sur dix est un ancien cadre

Les repreneurs étaient auparavant pour les trois quarts d’entre eux salariés (dont un quart dans l’entreprise reprise). La part d’anciens demandeurs d’emploi est faible (9%) comparativement aux chiffres de la création ex nihilo..

Ils étaient majoritairement ouvriers ou techniciens. La part d’anciens cadres est de 10%. Sans surprise, ces anciens cadres sont plus nombreux à reprendre des entreprises de 3 salariés et plus.

14% étaient déjà dirigeants d’une autre entreprise, 2% associés.

Les niveaux de formation sont variés : 32% des dirigeants ont un niveau CAP, 36% ont un diplôme de niveau IV, 26% sont diplômés de l’enseignement supérieur. La part de non-diplômés est faible. Les repreneurs familiaux sont également plus diplômés que la moyenne : 35% sont diplômés de l’enseignement supérieur, contre 22% des anciens salariés et 26% des repreneurs externes.

Motivations : dans un cas sur 10 (9%), le repreneur est en reconversion professionnelle.

L’envie d’évoluer professionnellement est une motivation plus forte dans l’artisanat du BTP (citée par 30% contre 18% en moyenne) ; la passion du métier est plus motrice dans l’artisanat des services mais peu citée dans le BTP.

Les opérations d’achat-revente représentent 6% des cas (10% dans l’alimentation). 7% des repreneurs sont des « investisseurs », souhaitant développer leurs patrimoine.

Critères de choix de l’entreprise à reprendre

Les critères de choix des repreneurs (hors reprises familiales et salariales) sont assez disparates. Deux critères prédominent :

  • Pour 21%, le secteur d’activité (plus important dans les services 25% et le BTP 32%)
  • Pour 20%, la localisation (critère plus présent dans l’alimentation : 25%).

La notoriété de l’entreprise est un facteur plus important pour les repreneurs du BTP (18% contre 9% en moyenne).

Le prix est décisif pour 1 repreneur sur 10.

La santé de l’entreprise est rarement déterminante (1 repreneur pour 20).

La relation au cédant, la taille, les équipes et les équipements sont rarement des critères de choix.

Parcours de recherche

Les repreneurs ont trouvé leur affaire avant tout grâce à leur réseau personnel (37%, une proportion qui atteint 46% dans l’artisanat de fabrication), puis à l’appui de leur prospection personnelle (24%).

Internet est le troisième vecteur utilisé, à égalité avec les marchands de biens. En revanche, les réseaux d’appuis sont globalement peu mobilisés.

Le temps de recherche d’une entreprise est relativement court (en moyenne 5 mois), en raison de l’importance des reprises familiales et salariales d’une part, mais aussi des reprises issues d’opportunités.

Le parcours de négociation paraît relativement linéaire pour les repreneurs externes :

  • 66% n’ont réalisé qu’une seule négociation
  • 14% ont négocié avec deux cédants
  • seuls 17% négocient avec 3 entreprises et plus

Enfin, la moitié des repreneurs (47%) étaient domiciliés à moins de 10 km de l’entreprise reprise.

La recherche d’entreprise se fait donc à proximité immédiate du domicile du repreneur (de la même façon que le cédants cherchent leur repreneur dans un périmètre proche). La distance moyenne est de 36 km, elle est à peine plus élevée pour les repreneurs externes (43 km).

Appuis mobilisés

Dans 35% des cas, aucune évaluation financière ou technique n’est réalisée. Les trois principaux appuis mobilisés durant le processus de reprise sont :

  • 1. le comptable, pour la moitié des entreprises
  • 2. la banque, pour 37% des opérations
  • 3. la CMA, pour 22%

Coût et financement de la reprise

Le coût moyen d’une reprise d’entreprise artisanale est de 151 K€.

  • Environ 52% entraînent une mise de fonds de moins de 100 KE, dont 9% ont un coût nul
  • 24% des reprises ont en coût compris entre 100 K€ et 200 K€
  • 24% ont un ticket d’entrée supérieur à 200 K€.

Les reprises par rachat de parts sociales se caractérisent à la fois par une part plus importante de donations (23%) et par la part élevée d’affaires capitalistiques : 38% génèrent une mise de fonds supérieure à 200 K€ (dont 30% > 250 K€).

80% des repreneurs font appel au crédit bancaire : en moyenne, le prêt bancaire couvre 75% du coût de la reprise. Les 36/4 des repreneurs n’ont pas rencontré de difficulté avec les banques.