L’artisanat dans les régions en chiffres – Défaillances et emploi salarié : des indicateurs en voie de stabilisation

Baromètre de l’artisanat ISM/MAAF

Cette édition du baromètre de l’artisanat MAAF-ISM (Institut Supérieur des Métiers) analyse pour la première fois le poids des entreprises artisanales dans l’économie des territoires, ainsi que leur santé économique alors que la sortie de crise se confirme.

Un retournement de tendance qui reste fragile mais encourageant

Les défaillances d’entreprises artisanales de moins de 20 salariés ont baissé en 2016. 22 167 défaillances ont été enregistrées l’année dernière, soit une baisse de 11 % par rapport à 2015. La tendance se confirme dans toutes les régions à l’exception de la Corse (+33 %) et des DOM (+4 %). Le Centre Val-de-Loire (-24 %), la Bretagne (-17 %), les Pays de la Loire (-17 %) et la Normandie (-17 %) sont les régions où les défaillances reculent le plus.

La baisse des défaillances est conjuguée à une hausse du nombre d’entreprises artisanales sur le territoire. Ces dernières ont augmenté de moitié depuis 2004, passant de 800 000 entités à 1 326 000 en 2015. Cette accélération est observée dans toutes les régions mais plus particulièrement en Ile-de-France, en Guyane et en Corse. Le ressort de cette dynamique s’explique pour grande partie par le régime du micro-entrepreneur. Les régions de métropole ayant connu la progression la plus importante de leur nombre d’entreprises sont celles où la part des micro-entrepreneurs parmi les indépendants est la plus élevée.  

Une stabilisation de l’emploi salarié dans les entreprises artisanales

Autre bonne nouvelle, après 7 années consécutives de destruction d’emplois (-140 000 emplois sur la période), l’année 2016 est marquée par une stabilisation de l’emploi salarié dans les TPE artisanales de moins de 20 salariés. En 2016, 1,6 million de salariés étaient employés dans des entreprises artisanales, un nombre stable par rapport à 2015 (+ 0,15 %).   Tous les territoires ne sont néanmoins pas concernés. Cette embellie concerne principalement l’Ile-de-France (+1,7 %), la région PACA (+0,9 %), l’Occitanie (+0,6 %) et les DOM (+ 3 %).

Dans les régions du littoral atlantique, l’emploi salarié reste relativement stable mais poursuit sa baisse dans le reste du territoire français, notamment dans les régions du Nord : Hauts de France (-1,5 %) Normandie (-1,3 %). Le Centre Val-de-Loire (-1,7 %) reste le territoire le plus impacté.

Cette évolution varie également selon les secteurs d’activités. Si on observe une stabilisation dans le secteur du BTP (+ 0,1 %) et dans l’alimentation (+ 0,4 %), l’emploi salarié progresse de manière plus importante dans le secteur des services (+ 1,4 %). Le secteur de la fabrication reste en souffrance, à l’instar des PME de l’industrie, et poursuit sa baisse entamée depuis 2000 (-1,6 %).

Poids économique des entreprises artisanales : une France coupée en deux

Une densité plus élevée dans la moitié sud du territoire

Depuis 15 ans, le nombre d’entreprises artisanales a augmenté plus vite que la population : la densité moyenne d’entreprises artisanales est ainsi passée de 132 entreprises pour 10 000 habitants en 2000 à 199 en 2015. Pour autant, la densité du tissu artisanal par rapport à la population varie de 1 à 3 selon les régions (138 entreprises pour 10 000 habitants dans les Hauts de France, 376 en Corse). Les régions du sud de la France se démarquent par une densité supérieure à la moyenne.

La densité des emplois salariés reproduits les mêmes contrastes Nord/Sud, la densité la plus élevée en métropole étant celle de la région Auvergne-Rhône-Apes (277 emplois pour 10 000 habitants) suivi de la région PACA (262), et cela malgré la présence plus importante d’entreprises employeuses dans l’artisanat du Nord de la Loire.

Un poids économique plus important dans les départements ruraux

Au national, une entreprise sur trois (31 %) est artisanale dans le tissu économique marchand mais le poids économique varie considérablement selon les départements. Alors qu’il est généralement moins élevé dans les départements urbains et en région parisienne (12 % à Paris, 16 % dans les Hauts de Seine, 27% dans les Bouches-du-Rhône), le poids de l’artisanat est beaucoup plus élevé dans les territoires ruraux avec un taux maximum dans la Creuse (46 %) suivi de le Haute-Saône (45 %), du Lot et de la Corrèze (44 %).

La localisation des entreprises varie également selon leur activité. Alors que les secteurs du bâtiment, de la fabrication agro-alimentaire ou encore le travail du bois sont plus souvent implantés dans les territoires ruraux, d’autres types d’activités sont quant à elles localisées dans des aires urbaines. En effet, l’artisanat de service et de transport sont surreprésentées dans les grandes agglomérations, notamment en région parisienne.

L’artisanat dans les territoires : une France aux multiples savoir-faire

Des spécialisations locales sont observées dans les territoires en fonction des marqueurs de l’économie locale et des habitudes de consommation (comme la Charcuterie en Normandie). Des concentrations d’activités apparaissent également dans les métiers du BTP (globalement plus denses dans les Bouches-du-Rhône ou en Corse) ou des services (la fleuristerie dans le Nord et le Calvados, la coiffure et les soins de beauté dans les Alpes-Maritimes). La ville de Paris, quant à elle, conserve un rôle leader dans les activités liées à la mode.